MALBEC - Jean luc Molet Voyage en Argentine

MALBEC - Jean luc Molet  Voyage en Argentine

POSTFACE

 Ce site n'a pas pour but d'être exhaustif. Ce n'est pas une encyclopédie. Il est l'une des expressions de ma passion du vin. C'est un site d'amateur, au sens premier du nom, c'est-à-dire celui qui aime telle ou telle chose. Il vit au gré du temps que je lui consacre, à mon rythme, afin d'entretenir le plaisir de le maintenir et de le faire grandir. Il en va de ce site comme de ma philosophie pour le vin, comme vous le découvrirez plus bas. Revenez donc dans quelques temps pour découvrir de nouveaux articles.

Mes premières rencontres avec des vins de garde se confondent avec ma découverte du vin. Les vieux vins étaient au menu de mes premières dégustations, le plus souvent lors de repas familiaux. Il s'agissait de bouteilles modestes, oubliées en cave depuis dix ou vingt ans. Elles se présentaient alternativement à la plénitude de leur évolution ou au bout du rouleau. Ces expériences m'intriguèrent. Ma passion pris un coup d'accélérateur avec la découverte des vins d'Alsace grâce à mon beau-père. Enfin, elle se structura définitivement au cours d'innombrables cours d'oenologie donnés par mon maître Frédéric Auriol, auquel je rends ici hommage

Des choix personnels... et assumés !

N'importe quelle bouteille peut être gardée vingt ans. Beaucoup de gens oublient, plus ou moins volontairement, des bouteilles dans la cave ou près du four, et réalisent presque par hasard la présence de ces bouteilles d'un autre temps. Il convient alors d'ouvrir le sujet pour savoir ce qu'il a dans le ventre. Compte tenu de l'âge du vin, le dégustateur est souvent compréhensif. Le vin, lui, donne ce qu'il peut. Si la bouteille est restée au chaud près du four, le dégustateur pourra poliment recracher. Eventuellement, et seulement si la situation l'impose, il pourra inviter sa belle-mère pour le dîner. Un vieux démon chasse toujours dans les maisons françaises : il glisse à l'oreille du maître ou de la maîtresse de maison qu'un vin s'améliore avec le temps, que l'on peut le garder, ça ne craint rien. Même à supposer qu'ils aient échappé au supplice du four, tous les vins ne possèdent pas les qualités suffisantes pour se conserver longtemps. A vrai dire, l'immense majorité des vins est à consommer dans les trois à cinq ans suivant la récolte.

La sélection d'un vin de garde n'est pas chose facile. Je me suis tout d'abord lancé dans l'exercice pour ma consommation personnelle. Puis dans le cadre de ce site afin de structurer mes connaissances sur ces vins particuliers. Les vins et vignerons présentés sur ce site ne sont sûrement pas les seuls à être et à produire des vins de garde. Ce sont mes choix de passionné. Ils sont issus de nombreuses dégustations mais pas seulement car, je l'avoue, je n'ai ni l'argent ni le temps de goûter l'ensemble de la production mondiale :) Je me suis donc aussi appuyé sur des échanges effectués avec d'autres passionnés et sur des lectures critiques de compte rendus de dégustation. Ce sont des choix sincères, sans chercher à couvrir une appellation ou un pays pour le plaisir de l'ajouter à mon bestiaire. Je n'irai par exemple pas vous inviter à découvrir le plus grand vin de garde du Brésil, même celui produit par Michel Rolland. Je risquerais une lettre légitime d'insultes.

Certains, beaucoup peut être, s'étonneront de ne pas trouver des régions "évidentes" dans la partie France. Je pense notamment à Bordeaux et Bourgogne. Si je termine ce site un jour, je le terminerai par ces régions là. En attendant, il m'est apparu comme une évidence (appelez cela solidarité culturelle ou devoir d'éducation) de présenter en détail le potentiel des autres régions, souvent plus confidentielles, et en tous les cas totalement négligées en matière de vins de garde. Enfin, précisons que l'oenologie n'est pas une science exacte. Un bon vin de garde peut se révéler désastreux vingt ans plus tard. Ce sont les risques à prendre. Personne ne peut prédire correctement l'évolution d'un vin à si longue échéance. Simplement, tous les conseils dévoilés sur ce site ne peuvent qu'augmenter les chances d'avoir une bonne surprise à l'ouverture.

Le temps en bouteille

La passion pour les vins de garde, c'est aussi une fascination symbolique pour le temps mis en bouteille. Le plaisir d'un vin de garde va au-delà de la vue d'un vieux millésime qui à lui seul peut exciter puis régaler tout un public, sans rapport avec la qualité du vin. Ce plaisir va bien au-delà des sens. C'est un appel à la mémoire et une réflexion sur le temps qui passe. C'est avec nostalgie qu'il nous ramène dans le passé, repère de rêves évanouis et de moments inoubliables. Quel exercice de mémoire ! Ouvrir un vieux vin, c'est aussi réaliser le cours du temps qui passe, contempler avec satisfaction tout le chemin parcouru ou, au contraire, prendre conscience du temps perdu. Le vin de garde est à bien des égards un juge de paix intraitable qui ne laisse pas indifférent et remue notre histoire personnelle pour mieux nous réconforter ensuite par ses tanins polis, son fruit discret, son cuir animal ou ses délicates saveurs de caramel. Ce sentimentalisme vineux n'est jamais aussi fort qu'avec les vieux vins sur lesquels nous avons longtemps veillés, comme sur des enfants, certains qu'un jour ils apporteraient leur lot d'émotions intenses de toute nature.

Le plaisir avant tout

Dernières pensées avant de m'éclipser. Pourquoi boit-on du vin ? Regardons les choses en face. Le vin n'est pas bon pour la santé. Si vous le buvez pour prendre du resvératrol (substance qui augmente l'espérance de vie) et vous donner bonne conscience, alors mangez plutôt des tomates dans lesquelles il y en a plus, et sans alcool autour. Le vin est un formidable objet de plaisir, de par son essence même et la convivialité qu'il véhicule. C'est ainsi que je le vis. Et il en va du vin comme de tous les autres plaisirs de la vie : la routine leur cause un tort considérable. Le vin doit rester l'objet d'un désir et la rareté des satisfactions est l'une des conditions de la qualité et de l'intensité du plaisir. Jamais content, le désir part continuellement à l'aventure, en quête de sensations inédites. Il faut savoir s'y laisser entraîner. La diversité des vignobles et des vignerons et les évolutions qu'impose le temps au vin ont été tous ensemble les moteurs de ma passion pour les vins de garde. Partir d'une situation particulière et suivre son évolution unique vers un hypothétique plaisir décuplé des années plus tard. En somme, chacun peut mener sa petite expédition culturelle et terroiriste et se découvrir aventurier dans un monde encore riche, qui n'attend que vous pour le protéger. Explorateur oenologique d'horizons sans cesse repoussés, je me plais en effet à penser, lorsque l'ivresse me gagne, que le vin est un précieux compagnon pour nous et notre bonne vieille Terre et qu'il incarne à cet égard tout le respect et l'attention que nous devons porter à notre environnement.

Sylvain Richet, Aix-en-Provence